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Née en 1969, en Alsace, je suis venue à la terre en 1997, à la suite d'une expérience forte, qui procède de la vie, de la mort, de la naissance...
Ce fut le début d'une nouvelle vie et l'émergence d'un processus créatif jubilatoire qui me semble inépuisable et infini.
Mes débuts de potière furent ceux d'une gourmande qui veut goûter à tous les plats, toutes les terres, toutes les températures, tous les décors : faïence, terre vernissée, raku, émail, engobe, enfumage ....
Pour sa solidité et la possibilité de composer mes émaux, j'ai choisi le grès , que j'ai exploré avec bonheur pendant une dizaine d'année.

En 2005, je change d'identité, de région, de vie...
J'arrive dans le sud de la France et j'ai envie de blanc. Le grès porcelainique que je tourne alors ne l'est pas assez à mon goût. Je décide alors timidement, avec beaucoup d'appréhension d'entamer le pain de porcelaine que j'avais à l'atelier.
Je découvre alors, avec délectation, une matière nouvelle, différente de toutes celles que j'avais essayé, crémeuse, douce, soyeuse.
Comme par magie, les lignes de mes bols se tendent. Les formes s'épurent, dictées par la finesse du grain de la porcelaine.
Le désenchantement survient à la première cuisson : déformation, bulle, fente... Mais j'ai trouvé ma terre !
Elle m'apprend, m'exerce jour après jour à la rigueur, la patience, la précision, la délicatesse, l'humilité.
En retour de son exigence, elle m'offre la pureté du blanc, l'épure de la ligne, la transparence et la lumière.
Je l'explore comme on explore un continent. Je la tourne, la modèle, l'étire, la plisse, la fripe... J'aimerai tout savoir d'elle, tout comprendre, et aller toujours plus loin...
J'essaye aussi la porcelaine papier qui m'offre de multiple solutions. Et là où j'étais restée coincée, où je butais sur les contraintes mécaniques de la terre, je retrouve une liberté de geste, un temps plus long pour travailler, une bienveillance conciliante envers mes gestes maladroits.

Ma production comporte deux faces.
D'une part je tourne des pièces utilitaires, des bols, des coupes, des vases. Progressivement, j'ai abandonné tous décors et toutes fioritures dans les formes.
Je fabrique mon émail selon une recette très simple, composée de quatre minéraux de base, non toxiques, dans une proportion de un à quatre.
En jouant avec la température de cuisson, je peux obtenir un émail mat, satiné ou brillant. L'épaisseur de la couche me permet d'obtenir ou non des craquelures.
J'aime cette simplicité et l'innocuité des matières que j'utilise, cela correspond aussi a une volonté de nuire le moins possible à mon environnement.
D'autre part, je réalise des pièces mi-végétales mi-animales : des fleurs, des algues, des tissus organiques, des corps de femmes ...
Cette production me permet de m'évader de la rigueur du tournage. Elle me donne aussi la possibilité d'effleurer voire de célébrer la palpitation du vivant.